Les sacrifiés du COVID
Après les trois mois de fermeture du printemps et la réouverture partielle et contrôlée de l’été, certains commerces en zone rouge ont dû de nouveau fermer leurs portes au début octobre:
- Salles de spectacle, cinémas, théâtres, et musées
- Bibliothèques
- Salles d’entrainement (gym)
- Restaurants
- Bars, brasseries, tavernes, casinos
La fermeture qui devait durer 28 jours a maintenant été prolongée jusqu’à la fin novembre.
Suite à l’annonce de la prolongation des mesures de confinement dans les zones rouges près de 200 propriétaires de centres sportifs ont décidé de défier l’ordre de fermeture, mais se sont finalement rétractés face au durcissement de ton du gouvernement Legault.
Bien qu’ils avançaient l’argument de la santé mentale et physique des adeptes de sport, on se doute que la crainte de la faillite pèse lourd dans ce coup de gueule.
Les musées, les bibliothèques et les casinos sont des branches de l’État et sont donc à l’abri de la faillite; même si certains de leurs employés ont été mis à pied.
Les entreprises privées n’ont pas cette chance. De plus, ce sont généralement des secteurs où les profits ne sont pas énormes. Avez-vous déjà vu des livres portant le titre: “Devenir millionaire en ouvrant son restaurant” ou “Gyms et salles de sport, un moyen rapide et facile de s’enrichir”? Moi non plus.
Les restaurants peuvent livrer me direz-vous. C’est vrai. En acceptant de rogner des marges déjà minces et réduire les ventes d’alcool qui génèrent une bonne partie de leurs profits. Ceux qui ont déjà travaillé en restauration savent que c’est un dur métier où les heures sont longues, les marges minuscules, la matière première périssable, les employés instables et les clients infidèles.
Ces conditions déjà difficiles sont devenues intenables pour beaucoup comme en témoigne la longue liste des restaurants ayant déjà définitivement fermé leurs portes à Montréal, dont les iconiques Moishes et l’Entrecôte St-Jean.
Quant aux gyms, certains essaient de faire des cours en vidéo, mais les possibilités sont assez limitées. Au printemps, beaucoup ont rallongé sans frais les abonnements de leurs membres pour couvrir les 3 mois de fermeture, mais la prolongation va amener un problème de cash-flow. Cela va également décourager une partie des clients actuels de revenir après cette fermeture prolongée, car certains se seront équipés pour s’entrainer à la maison et d’autres se seront trouvé des activités sportives de remplacement.
Et qu’en est-il de l’aide financière offerte par le gouvernement aux commerçant forcés de fermer leurs portes?
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) publie un sommaire des mesures d’aides gouvernementales pour les entreprises fermées obligatoirement en zone rouge.
Évidemment, comme la majorité des initiatives gouvernementales, c’est plein de bonnes intentions mais c’est assez compliqué à comprendre. Grosso-modo, les entreprises peuvent obtenir un prêt et ensuite demander un “pardon” pour ne pas rembourser la partie du prêt qui couvre les frais fixes de l’entreprise tels que le loyer, les taxes municipales, l’électricité, les assurances, les permis, etc.
Les salaires des employés et des propriétaires d’entreprises ne sont pas couverts par cette aide. Pour ça, ils doivent se tourner vers le fédéral et demander de l’assurance emploi (maximum 573$ par semaine) ou la PCRE, la Prestation Canadienne de la Relance Économique (maximum 500$ par semaine) qui remplace la PCU.
Individuellement, c’est peu d’argent pour les entreprises et les personnes visées. Collectivement, ce sont des milliards qui gonflent les dettes des provinces et du fédéral et qui devront être éventuellement repayées par vous et moi, par nos enfants et nos petits enfants.
Si j’étais propriétaire de resto, de bar ou de gym; et même si je ne doutais pas du sérieux de la pandémie, je me demanderais pourquoi est-ce que je devrais faire faillite et tout perdre alors que (1) on m’a déjà forcé à fermer plusieurs mois — j’ai fait ma part de sacrifices, (2) j’ai investi pour respecter toutes les règles imposées lors de la réouverture, (3) il y a peu ou pas de transmission dans mon établissement et dans mon secteur d’activité en général, (4) des lieux de transmission comme les écoles et certaines usines restent ouverts et (5) il y a peu d’hospitalisations et de décès pour l’instant.
Mais au delà de ces gens et de ces entreprises que l’on sacrifie pour “aplanir la courbe” et sauver des vies, la question fondamentale à se poser est: À partir de quand les mesures de confinement causent plus de dégâts que le virus.
Évidemment, les réponses varient pour chacun. Mais pour y répondre intelligemment, il faut faire mieux que simplement gérer des urgences au jour le jour: il faut tenir compte des conséquence à long terme, directes et indirectes, sur l’ensemble de la société. Et ça, généralement, ce n’est pas la force des gouvernements qui sont élus pour 4 ans.