La vraie raison derrière la réouverture des écoles

Jean-Michel Ghoussoub
3 min readApr 28, 2020

Le premier ministre François Legault a annoncé hier que les écoles primaires rouvriraient le 19 mai à Montréal et le 11 mai dans le reste de la province. La présence des élèves ne sera toutefois pas obligatoire.

La décision du gouvernement de rouvrir les écoles n’est pas motivée par la possibilité d’une immunité collective, plaide le premier ministre, mais pour des raisons « sociales ».

Il est vrai que beaucoup d’enfants souffrent à la maison, mais est-ce la majorité? Est-ce que le retour à l’école d’une partie des élèves du primaire pour les 5 ou 6 semaines restantes avant les congés d’été vont vraiment faire une grosse différence sur le bien-être et la réussite scolaire de l’ensemble des enfants de la province? Et surtout, est-ce que le risque pour la santé publique le justifie? On est en droit de se poser la question.

Surtout que depuis le début de la crise, le gouvernement nous martèle de rester à la maison pour sauver des vies et qu’on nous explique toutes les raisons pour lesquelles le nouveau coronavirus est dangereux pour tous; pas juste pour les personnes âgées. Et tout d’un coup: “C’est bon allez-y! Vous pouvez envoyer vos enfants à l’école et le risque de tomber malade est minime.” On peut comprendre que certains hésitent.

Parce que la réalité, c’est que même si les enfants ont peu ou pas de symptômes, ils peuvent transmettre la COVID-19. Ouvrir les écoles veut dire qu’une bonne partie des enfants, une bonne partie de leurs parents et la majorité des professeurs vont contracter le virus. Monsieur Roberge, le ministre de l’éducation, a beau faire des théories farfelues et dire qu’avec les classes remplies à 50% il sera facile de respecter la distanciation sociale, on voit bien qu’il n’a pas passé beaucoup de temps dans une école primaire.

Ceci dit, nos amis au gouvernement ne sont pas tous stupides, ils comprennent les risques. Alors pourquoi réouvrir les écoles? Comme pour bien d’autres choses dans la vie, il y a une raison bassement économique.

Il y a un coût énorme (économique et social) à arrêter un pays pendant plusieurs mois et nos gouvernements ne peuvent tout simplement pas se permettre de faire durer la situation le temps qu’un vaccin soit développé, ce qui risque de prendre 18 à 24 mois. Il faut donc que les gens retournent graduellement au travail, avec les risques que cela comporte. Et pour que les parents travaillent, quelqu’un doit garder les enfants. Ce “quelqu’un”, ce sont les enseignantes et enseignants du primaire.

Rouvrir les écoles va permettre aux parents des élèves de retourner travailler et, bien qu’ils nient que ce soit l’un des objectifs, cela va également contribuer à bâtir une immunité de groupe (en espérant que cela fonctionne).

L’autre avantage, et il est non négligeable, c’est que les profs vont majoritairement contracter la COVID-19 et qu’ils auront l’été pour en guérir afin d’être prêts à accueillir les élèves pour la rentrée en août. Sinon, ils auraient tous été malades à l’automne et comme c’est déjà presque impossible de trouver des suppléants, cela aurait été un gros problème que le gouvernement s’évite.

Bref, à la lueur de ces informations, on peut mieux comprendre pourquoi le gouvernement a décidé de rouvrir les écoles en mai. Ce n’est pas forcément une mauvaise décision. Mais qu’ils nous disent les vrais raisons plutôt que de nous bullshitter avec le “bien être des enfants”.

Aussi, sachant que de rouvrir les écoles va contribuer à propager le virus à une bonne partie de la population, ils pourraient en profiter pour rouvrir certains commerces où le risque n’est pas pire que dans une classe de primaire, à commencer par les gym et les salons de coiffure. On en a tous besoin.

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