Avant de vous inquiéter de l’IA

“Je ne m’inquiète pas tant de l’intelligence artificielle que de la connerie réelle.” — Guillermo Del Toro

Ces temps-ci, l’Intelligence Artificielle (IA) est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau truc à la mode. Les médias en parlent à tort et à travers, les consultants font des prédictions et tout le monde brasse de l’air. Certains sont angoissés pour leur job, d’autres veulent s’y lancer à corps perdu.

Respirez par le nez les amis.

Un peu de perspective

Oui, l’IA va changer le monde — en partie, comme beaucoup d’autres inventions on changé le monde avant; à commencer par l’Internet, les réseaux sociaux et les téléphones intelligents. Et avant eux la radio et la télévision. Et avant eux encore le télégraphe, l’ampoule électrique et le moteur à vapeur.

Mais ça va prendre du temps, ça ne se passera pas du tout comme prévu et ça ne changera pas les fondamentaux de la société.

Avant de vous exciter, n’oubliez pas toutes les autres technologies qui, il n’y a pas si longtemps, étaient à la dernière mode: la cryptomonnaie, les ordinateurs quantiques, les voitures qui se conduisent toutes seules, les maisons intelligentes, le blockchain, l’internet des objets (IoT), la réalité virtuelle (VR) et l’impression 3D.

Ces technologies sont toutes utiles et bien avancées. Il y a juste un fossé entre les promesses démesurées qui ont été faites en leur nom et leurs applications réelles qui généralement prennent plus de temps et sont moins excitantes.

Ce n’est pas tant de la technologie elle-même dont il faut se méfier plutôt que de cette recherche de la nouvelle bébelle à la mode qui est souvent une distraction qui nous éloigne d’un travail plus important mais moins divertissant.

Commencez par la base

Avant de vouloir intégrer de l’IA dans votre entreprise, assurez-vous d’avoir des bases solides: un produit ou un service de qualité et en demande, des processus optimisés, des outils performants, une saine gestion de vos finances et de votre administration, des employés heureux et un taux de roulement faible, de bonnes marges bénéficiaires, des clients fidèles, d’excellents gestionnaires, une solide relève et 2–3 coups d’avance sur vos compétiteurs.

Je sais, je sais, c’est moins excitant que de participer à des conférences sur l’IA, mais c’est plus utile et ce sont des fondamentaux qui ne changeront pas. Et même si ça a l’air simple et évident, vous seriez surpris du nombre effarant d’entreprises qui sont médiocres sur plusieurs de ces éléments de base.

Si vos bases sont solides, alors oui, l’IA peut être un levier pour vous permettre d’accomplir davantage et mieux. Mais sinon, ça vous causera des problèmes en monopolisant votre attention et vos ressources loin des priorités réelles.

“Avoiding stupidity is easier than seeking brilliance. 90% of success can be boiled down to consistently taking the simple and obvious action for an uncommonly long period of time without convincing yourself that you’re smarter than you are.” — Shane Parrish

Les limites de la machine

Il y a beaucoup de choses que l’IA fera mieux, moins cher et plus vite que les humains. Et pas que les tâches répétitives. L’art aussi. De la rédaction de textes à la création d’images. Beaucoup de métiers seront bouleversés, c’est certain.

Mais c’est également une chance de développer notre humanité et de s’investir dans les univers où la machine ne peut pas nous suivre. Évidemment, vous ne serez jamais meilleur qu’un ordinateur pour rechercher des données, effectuer des calculs ou programmer des lignes de code. Par contre, il y a des aptitudes qui restent fondamentalement humaines: rêver, être curieux, rire, savoir motiver et inspirer; faire preuve d’empathie, de compassion, de bonté. Tous ces “soft skills” qui ont été dévalorisés depuis des années mais dont on aura besoin plus que jamais dans un monde en grand bouleversement.

En terminant, dites vous qu’il y a fort à parier que si l’Intelligence Artificielle avait dominé le monde il y a 25 ans, nous aurions aujourd’hui de meilleurs PC et de versions plus performantes de MS Windows. Et peut-être un meilleur Blackberry. Mais ça prenait des humains comme Steve Jobs pour inventer le ipod, le iphone et le ipad et faire d’Apple l’une des entreprises les plus profitables du monde.

“In an age of AI and machine learning, massive data and a trillion sensors, it will be the intensity of your curiosity and the quality of your questions that will be most important to your success.” — Peter H. Diamandis